LA RIA D’ETEL POINTS CHAUDS EN MERS FROIDES

le 19/09/2016 publié dans le 268 de Subaqua-par Patrice Petit de Voize-photos de l'auteur

 

Le département du Morbihan le bien nommé (en breton mor signifie mer et bihan petit) regorge de sites d’une grande richesse biologique. Parmi ceux-ci, la ria d’Etel, parfois improprement appelée « rivière d’Etel », occupe une place de choix, tant par la beauté des paysages sous-marins que par son environnement terrestre : ports, landes, chapelles, maisons, mégalithes. Le port de pêche d’Etel et les chantiers navals de la ria étaient, au siècle dernier, au cœur de la pêche thonière, pratiquée tout d’abord à la voile, puis par des navires mixtes voile-moteur. L’industrialisation puis la délocalisation de cette pêche vers les mers tropicales ont sonné le glas d’une activité qui apporta à Etel, tout comme à Groix, Concarneau et d’autres ports, une grande prospérité. Aujourd’hui le tourisme et l’ostréiculture sont les principales activités, mais quelques bateaux de pêche artisanale continuent de fréquenter ce port bien abrité, quoique d’un accès difficile. La fameuse « barre d’Etel » restera encore longtemps dans les mémoires avec le dramatique épisode qui vit, le 9 janvier 1959, neuf personnes trouver la mort lors des essais d’un radeau de survie du Dr Alain Bombard. 57 années plus tard, ce drame reste présent dans les mémoires des Étellois.

 

La plongée dans la ria

 

Il est important, avant d’aborder la partie « vie sous-marine » d’apporter quelques précisions sur l’aspect « réglementation-sécurité » propre aux sites de plongée locaux. La ria est fréquentée par de nombreux plongeurs, isolés ou en groupe, qui doivent, c’est évident, cohabiter avec les autres usagers des différents sites le plus souvent utilisés, car praticables sans bateau : le Magouër et le Vieux Passage, situés sur la commune de Plouhinec, Port-Niscop, situé sur la commune de Belz (Pont-Lorois) et le Chantier Rameau, le seul situé sur la commune d’Etel. L’activité ostréicole est importante ici et occupe beaucoup d’espace, tout comme la plaisance, il importe donc de respecter certains usages… ce qui, hélas, n’est pas toujours le cas !

> L’aspect géographique et réglementaire

La ria, qui correspond en fait à une ancienne vallée envahie par la mer, s’étire sur une dizaine de kilomètres entre la mer et l’arrière-pays. Elle est coupée, à peu près en son milieu par la route Port-Louis/Carnac qui la franchit par un pont suspendu, à Pont-Lorois. Elle constitue un immense réservoir d’eau salée (l’apport d’eau douce est relativement minime) qui se remplit, et donc se vide, au rythme des marées… La visibilité, comme on peut le penser, varie notablement en fonction de la pluviométrie, de l’état de la mer et de l’heure de la mise à l’eau. Elle peut atteindre, voire dépasser 7 à 8 mètres, mais ce n’est quand même pas tous les jours !

 

La vie sous-marine

 

Il est évident que ce qui fait de ce site l’équivalent d’un torrent de montagne à certaines périodes est aussi à l’origine de son incontestable richesse… Les courants, parfois violents, qui en rendent la fréquentation difficile, apportent aux peuplements benthiques et pélagiques une nourriture abondante et à domicile : quatre services par jour ! Le flot apporte le plancton du grand large, le jusant les matières organiques et minérales issues des ruisseaux, prairies inondables et marais qui constituent l’extrémité nord de la ria. Aux abords des deux sites de Plouhinec, les profondeurs avoisinent 20 mètres au milieu du chenal et une dizaine au niveau de Port-Niscop. Fond de sable, sable vaseux et gravier en général, sauf à Pont-Lorois où l’étroitesse du chenal favorise un effet de chasse d’eau qui en élimine les sédiments meubles. Les tombants sont rocheux, parfois presque verticaux avec grottes, failles et à leur pied des éboulis plus ou moins importants. Ici la faune fixée est exubérante, pas un pouce de roche ne reste inoccupé et la lutte est sans merci pour une place au soleil.

 

  Les végétaux

 

Quelques beaux herbiers de zostères (Zostera marina) sont là chaque fois que les sédiments sablo-vaseux sont présents, donc, le plus souvent là où le courant n’est pas trop violent. Malheureusement, ils sont aujourd’hui, pour la plupart, situés en dehors de la zone autorisée ! Les algues vertes, surtout les ulves, prospèrent un peu partout, et l’on peut voir quelques rares bouquets de codiums. Les algues brunes qui nécessitent un substrat dur, colonisent souvent les petites roches qui parsèment et avoisinent ces herbiers : peu de laminaires, de belles touffes de sargasses et de cystoseires, mais en règle générale, sitôt passé quelques mètres, le faible éclairement ne permet guère que la présence d’un tapis de faux fucus Dyctiopteris membranacea et surtout d’algues rouges : d’abord les gros cheveux écarlates de Soleria chordalis, puis les lames dentelées de Calliblepharis, les résilles de Plocamium et autres espèces parfois difficiles à identifier par les non-spécialistes. Plus bas, seules subsistent quelques petites espèces, l’essentiel du substrat étant colonisé par des animaux fixés. Au premier coup d’œil, on constate que ce sont surtout les peuplements animaux qui dominent.

 

 La faune fixée

 

Il s’agit, ici comme en rade de Brest, essentiellement d’animaux filtreurs, actifs ou passifs : éponges, cnidaires, mollusques, bryozoaires et crustacés.Photos de l’auteur.




Almanach du marin breton: Une démarche solidaire

L'Almanach du marin breton, paru pour la première fois en 1899, en est, cette année, à sa 119e édition. Une véritable institution qui, tout au long des 623 pages de cette parution 2017, dispense informations pratiques et conseils pour tous ceux qui naviguent en Manche et en Atlantique, de Dunkerque (Nord) à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Avec également les renseignements utiles concernant les ports du sud de l'Angleterre.

 

La couverture s'est encore étoffée avec les Almanachs côtiers de la Bretagne Nord et de la Bretagne Sud auxquels sont venus se joindre ceux de la Normandie et de Sud Loire. Cartes, horaires des marées, courants, balisage, numéros de téléphone, chaque port y est minutieusement décrit.

 

On trouvera également les gestes indispensables à la sécurité ou les réglementations concernant la pêche. Bref, un ouvrage indispensable pour tous ceux qui s'adonnent à la plaisance ou à la pêche dans la zone côtière des six milles mais bien d'autres également. Et même si le GPS est venu depuis quelques années concurrencer le guide, les deux tiers de ses utilisateurs ne veulent pas abandonner l'édition papier.

 

Vocation solidaire

 

Une attitude qui ne peut que satisfaire les membres de l'oeuvre du marin breton et son président, Xavier Leroux. « La vente de ces guides a une visée sociale puisque les bénéfices servent à aider des marins de la France entière, indique-t-il. Ceci par des prêts d'honneur à taux zéro ou même des dons dans certains cas. Des cas étudiés par les assistantes sociales du service social maritime qui nous signalent les personnes en difficulté. Nous agissons dans l'urgence pour leur venir en aide au plus vite ». Une démarche solidaire, donc, qui permet aux familles de marins frappées par des décès ou divers accidents de la vie de parer au plus pressé en attendant la mise en place d'autres aides. « Une SNSM à terre », en quelque sorte.

L'Almanach du marin breton est en vente au prix de 25 €. Les Almanachs côtiers (avec housse plastique), en moyenne 120 pages, sont en vente au prix de 13 €.

Un article de la rédaction du Télégramme



Pollution maritime : Un million d’euros d’amende pour l’armateur du Thisseas

Onze mois après les faits, le tribunal correctionnel de Brest a condamné l’armateur grec du vraquier Thisseas à une amende d’un million d’euros pour pollution maritime volontaire. Ce jugement, rendu hier, fait suite à l’audience qui s’était tenue début novembre. La peine infligée à l’armateur est conforme aux réquisitions du parquet. En revanche, le capitaine a été condamné à 30.000 euros d’amende, au lieu des 200.000 requis. On notera que l’officier, qui n’était pas présent, serait selon certaines sources décédé.  

 

Long de 225 mètres pour une largeur de 32 mètres et un port en lourd de 75.000 tonnes, le Thisseas, construit en 2005 et immatriculé au Libéria, avait été dérouté vers Brest par les autorités françaises le 24 février 2016. Une décision qui avait fait suite à la détection à environ 185 milles au sud-ouest de la pointe de Penmarc’h, par un avion de surveillance maritime Falcon 50 de la Marine nationale, d’une pollution de 40 kilomètres de long pour une cinquantaine de mètres de large.  

 

 

 



SHOM: 10.000 documents historiques disponibles gratuitement en ligne

Un véritable trésor disponible gratuitement en ligne! En 2016, dans le cadre du projet  ARCHIPEL  (ARCHIves Patrimoniales En Ligne), le Shom a numérisé 10 000 documents cartographiques à travers le monde entier et issus de ses archives historiques maritimes et littorales. Cet extrait inédit de 300 ans d’histoire du littoral et des océans, archivés par le Shom, est composé d’environ 3 300 cartes marines datant pour les plus anciennes de la fin du XVIIIème siècle et 6 700 plans de relevés hydrographiques s’étalant du début du XIXème siècle à nos jours.

 

Ces documents sont consultables et téléchargeables gratuitement sur data.shom.fr et diffusion.shom.fr dans la rubrique ARCHIVES MARITIMES. Disponibles sous forme d’images, ils sont accompagnés des métadonnées (informations sur les documents : date, zone géographique, échelle, auteurs….) facilitant leur compréhension et leur utilisation. Ces travaux ont été réalisés dans le cadre des Projets d’Investissement d’Avenir. Il s’agit d’une première étape pour rendre accessible au plus grand nombre l’archive patrimoniale du Shom tel que prévu dans son Contrat d’Objectifs et de Performance.

 

Ces 10 000 documents numérisés ne représentent que 10 % des documents cartographiques archivés en papier au Shom, estimés à environ 100 000. A ceux-ci s’ajoutent environ 40 000 marégrammes à scanner (travail réalisé à 50%), environ 9 000 ouvrages (réalisé à 5%) ainsi que  plusieurs milliers de photographies aériennes (non commencé).



Gestion des ports



« 10 ans après sa création, le parc marin d’Iroise est une réussite"Fabien Boileau

Le premier parc naturel marin français va fêter cette année ses 10 ans. Créé le 28 septembre 2007 en mer d’Iroise, à la pointe Bretagne, il est né de la volonté de protéger l’environnement maritime et d’améliorer sa connaissance, tout en permettant le développement d’activités économiques durables. La gestation de cette structure, administrée par un Conseil réunissant tous les acteurs concernés par ce milieu sensible, fut très longue, partisans et détracteurs s’opposant vivement pendant une quinzaine d’années. Puis, finalement, sa création a été décidée et, après 10 ans de retour d’expérience, l’initiative apparait comme une réussite et a fait des émules. Sept autres parcs marins ont en effet vu le jour, le dernier autour du cap Corse et de l'Agriate en juillet 2016. Celui de Mayotte, en 2010, est devenu le premier parc naturel marin Outre-mer et le golfe du Lion, créé fin 2011, le premier en Méditerranée. S’y sont ajoutés le parc des Glorieuses en février 2012, celui d'Arcachon en juin 2014, puis celui de l'estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis, en avril 2015. Un autre devrait suivre, en Martinique.

 

Avec Fabien Boileau, son directeur délégué, nous faisons le bilan des 10 premières années du Parc naturel marin d’Iroise.

 

MER ET MARINE : Tout d’abord, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est un Parc naturel marin et quelles sont ses missions ?

 

FABIEN BOILEAU : Le parc naturel marin est une aire marine protégée reposant sur trois piliers fondamentaux. D’abord, l’acquisition de connaissances, mais nous ne sommes pas un organisme de recherche fondamentale, nous le faisons dans un but de gestion. Ensuite, la protection de l’espace et, troisièmement, le développement d’activités économiques durables compatibles avec le principe de protection. L’un des principaux enjeux du parc est en effet de trouver un équilibre entre l’économie et la préservation de l’environnement.

Le décret de création du parc marin nous donne trois informations : son périmètre, la composition de son Conseil de gestion - et là on retrouve déjà cet équilibre entre protection et développement - ainsi que les orientations générales, qui se doivent d’être équilibrées.

L’avantage des parcs naturels marins sont multiples pour la protection de l’environnement et le développement économique. Comme nous faisons de l’acquisition de connaissances, les données sont publiques. Un porteur de projet a donc accès à différentes informations, par exemple sur les habitats ou les espèces. Il peut dès lors travailler en amont sur l’incidence de l’activité qu’il souhaite développer. Grâce aux études que nous menons, on sait notamment qu’il y a des endroits où il est plus facile de travailler que d’autres.

 

Un parc naturel marin n’est donc pas une réserve figée…

 

Absolument pas et c’est bien son objectif. Dans les décrets de création, il n’y a pas d’interdiction. La différence par rapport à des zones Natura 2000 par exemple est, qu’ici, nous partageons une connaissance avec tout le monde alors qu’en général, chaque porteur de projet réalise ses propres études et conserve les résultats.

 

Mais vous n’allez pas jusqu’à réaliser les études d’incidence…

 

Non. La règle actuellement est que le porteur de projet réalise son étude d’incidence. En revanche, nous facilitons les choses en mettant à disposition nos connaissances. Avec comme prérequis qu’il ne s’agit pas seulement de réaliser du développement économique mais qu’il doit se faire dans le cadre de la protection de l’environnement. Pour cela, nous avons un tableau de bord permettant le suivi du milieu, qu’il s’agisse d’habitats, d’espèces, de pêche... Toutes ces connaissances n’existent pas forcément en zones Natura 2000 ou, en tous cas, ne sont pas publiques.

 

Quels rapports entretenez-vous avec les professionnels de la mer ?

 

Qu’il s’agisse notamment d’activités touristiques ou de pêche, nous travaillons main dans la main, au quotidien, avec les professionnels ; ils  font d’ailleurs partie du Conseil de gestion. Nous avons par exemple des discussions sur la fonctionnalité de certaines zones d’intérêt halieutiques. Dans ce cadre, on expérimente des choses, comme le cantonnement à langoustes rouges sur la Chaussée de Sein, qui a pour but, et cela marche, de reconstituer les stocks. Le conseil de gestion a aussi autorisé les essais de l’hydrolienne de Sabella entre l’archipel de Molène et Ouessant, avec comme condition d’obtenir les données environnementales recueillies et de pouvoir les diffuser. C’est extrêmement intéressant car cela permet de savoir comment fonctionne une telle machine dans un environnement complexe.

 

Le parc occupe une vaste zone, à la fois en mer mais aussi sur le littoral. De quels moyens disposez-vous ? Sont-ils du même niveau que ceux d’un parc national classique ?

 

Pour gérer ces 3500 km², nous sommes 22, dont 15 agents de terrain. Autant dire que l’on ne chôme pas ! Nos effectifs sont moindres que ceux d’un parc national, où l’on trouve généralement 60 à 80 agents. Nous disposons de différents moyens nautiques, dont deux nouvelles vedettes de 11 mètres construites en 2015. Ces moyens servent à des missions scientifiques, mais aussi à la surveillance et au contrôle, ainsi qu’à la sensibilisation des usagers. Nous avons deux implantations, avec un site principal au Conquet et une antenne sur l’île Tristan, à Douarnenez.

 

Et côté budget ?

 

En tout, avec les charges salariales, il est de 2.4 millions d’euros. Le budget de fonctionnement sur les projets opérationnels est d’un million d’euros et, si l’on enlève la logistique ou des postes comme les loyers ou l’essence pour les bateaux, nous ne sommes qu’à 800.000 euros.

 

Quelles sont concrètement vos prérogatives ?

 

En plus du suivi, nous avons des prérogatives d’inspecteurs de l’environnement, de police des pêches, de police administrative, notre champ d’action allant jusqu’à la contravention de grande voirie. Nous travaillons d’ailleurs avec l’ensemble des administrations et établissements publics qui concourent à la préservation de l’environnement. Nous utilisons l’ensemble des codes à notre disposition avec un prisme simple : est-ce que telle ou telle action a un impact sur l’environnement marin? Nous allons par exemple dresser des contraventions si quelqu’un pêche dans une zone interdite ou si les prises sont sous-taille. Pour cela, nous utilisons le code rural et de la pêche maritime et travaillons en étroite collaboration avec les services de l’Etat, comme les Affaires maritimes et la Gendarmerie maritime.

 

La Gendarmerie et les Affaires maritimes qui évoluent également dans les eaux du parc…

 

Oui et l’intérêt est aussi de les sensibiliser aux enjeux liés à la protection de l’environnement. Par exemple, lorsque nous sommes en période de ponte dans les réserves naturelles, ils sont attentifs aux règles et, s’ils surprennent quelqu’un qui ne les respecte pas, ils verbalisent. Avant, il y avait moins d’intérêt, ou en tous cas moins de sensibilité sur ces questions.

 

Et votre action s’étend donc à terre jusqu’à la  limite du domaine public maritime

 

Oui, la zone côtière est importante car elle abrite des habitats très sensibles, comme les champs de blocs et les herbiers, voire, des zones de nidification des oiseaux qui peuvent se situer sur l’estran, en haut des plages. Or, c’est aussi sur le trait de côte qu’il y a le plus de pression. C’est la raison pour laquelle nous y sommes très présents, y compris en surveillance.  Nous avons notamment beaucoup de procédures sur la pêche aux ormeaux et oursins sous taille. Il est impératif de ne pas laisser piller la ressource en particulier lorsque le mode de pêche impacte les habitats marins. C’est notamment le cas lorsque les pêcheurs d’ormeaux ne remettent pas en place les blocs qu’ils ont soulevés.  

 

Dans le même temps, vous avez mis en place un label pour les ormeaux et d’autres produits afin de permettre une exploitation durable par des professionnels. Les résultats sont-ils satisfaisants ?

 

La labellisation est une chose qui marche. Avec le comité des pêches, nous avons en effet créé le label Ormeaux de Molène pour les professionnels, mais il y en a d’autres. Toujours avec les professionnels,  nous avons mis en place le protocole permettant de classer les algues de riveen BIO, ce qui était une première. Il fallait proposer un protocole basé sur la qualité de l’eau et les bonnes mesures de gestion par le Comité des pêches. Dans le cadre d’un large partenariat, nous avons mis en place une méthode d’évaluation de la  biomasse. Une nouvelle expérimentation  est en cours avec des méthodes innovantes, en l’occurrence l’emploi de drones aériens dotés de capteurs permettant de déterminer la quantité d’algues. Sur ce dossier, cette expérimentation pourrait être étendue au niveau régional.

 

La gestion du stock n’est pas votre seule préoccupation ?

 

Non car il faut aussi comprendre que, lorsqu’on détruit un champ d’algues, on ne ponctionne pas que de la biomasse, on touche aussi à l’habitat à de très nombreuses espèces.

 

On imagine que les verbalisations de pêcheurs professionnels sont devenues très rares ?

 

Nous dressons parfois des PV à l’encontre des pêcheurs professionnels. Ce sont des contrôles ciblés, les choses sont très claires et nous sommes soutenus par le Comité des pêches car c’est dans l’intérêt de tous. D’ailleurs, les pêcheurs sont je le rappelle partie prenante dans le Conseil de gestion du parc et nous travaillons en bonne intelligence.

 

Ce Conseil de gestion est-il la clé de la réussite du concept de parc marin ?

 

Dix ans après sa création, le parc marin d’Iroise est une réussite et le premier succès fut en effet de parvenir à faire travailler le Conseil de gestion, qui regroupe une cinquantaine de personnes issues de toutes les sensibilités du monde maritime et para-maritime. Le Conseil est extrêmement investi et on voit qu’il n’y a pas de corporatisme, chacun peut parler de tous  sujets. Mais il faut du temps, cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Si, au début, certains membres du conseil pouvaient être dubitatifs sur ce mode de gestion, aujourd’hui, aucun de ceux qui sont autour de la table ne semble  le regretter. Ce mode de gestion fonctionne mais ce doit être, je pense, un projet de territoire, il faut une proximité, que les gens se connaissent et s’investissent.

 

Finalement, c’est aux acteurs locaux que l’on a donné la responsabilité de la gestion de cette zone. Ce n’est plus l’Etat qui régente tout…

 

Le conseil de gestion est composé de 49 membres pêcheurs,  plaisanciers, élus des collectivités locales, associations de défense de l’environnement, scientifiques...

 

L’État, qui est également présent  - mais minoritaire - au sein du conseil de gestion, continue à régenter la mer. Le parc naturel marin ne dispose pas de pouvoir réglementaire propre ; ce pouvoir demeure de la compétence de l'Etat. Les membres du conseil de gestion peuvent toutefois, au regard des objectifs du parc, faire des propositions d'évolution d'une réglementation aux autorités compétentes au sein de son périmètre (réglementation pêche, d’activités de découverte ou d’utilisation de certain engins comme les véhicules nautiques à moteur….). Toutefois, lorsqu'une activité est susceptible d'altérer de façon notable le milieu marin du parc, l'autorisation à laquelle elle est soumise ne peut être délivrée que sur avis conforme du conseil de gestion. Il s’agit là d’un pouvoir très important que l’Etat a donné à ce conseil. Les membres décident ensemble, sereinement et sur la base de l’expertise que chacun partage avec les autres et dont tous se nourrissent au fil des années, de la manière dont ils gèrent cette aire marine.

 

Avoir autant d’acteurs autour de la table, est-ce que cela n’aboutit quand même pas à une usine à gaz ?

 

Ce n’est pas une usine à gaz, au contraire, c’est très efficace puisque l’ensemble des sensibilités du monde maritime se retrouve autour de la même table. . Le conseil est aidé dans ses décisions par un tableau de bord avec plus de 80 indicateurs qui permet de voir l’évolution du milieu, des espèces et des activités. Il s’appuie également sur un plan de gestion donnant les objectifs du Parc  sur 15 ans. L’évaluation des actions mises en place reste difficile car car le milieu marin et ouvert et compliqué.

 

Vous n’avez pas de pouvoir règlementaire mais des avis du Conseil de gestion se sont traduits par des arrêtés préfectoraux. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

 

Quand le Conseil de gestion, composé de toutes les sensibilités,  émet un avis, il est rare que le préfet ou le préfet maritime ne le suivent pas. Parmi les propositions qui se sont traduites en arrêtés, une mesure a été de limiter la pêche à l’hyperboréa  (algue laminaire pêchée en mer à l’aide d’un engin trainant) dans certaines zones de manière à protéger l’habitat, en particulier les champs de blocs. Il y a également eu la mise en place de zones de tranquillité pour le grand dauphin. Ces zones d’exclusions ont été définies dans le cadre d’une concertation avec les pêcheurs.

Il en est de même pour l’arrêté préfectoral règlementant la circulation des véhicules à moteur dans l’archipel de Molène. On ne l’a pas fait pour des histoires de pollution ou de bruit mais parce que les variations importantes du régime moteur des jet-skis perturbent les mammifères marins. Par contre, quand nous avons eu une demande pour des randonnées à jet-skis autour de Crozon, le conseil de gestion a rendu un avis favorable car dans cette zone il n’y a pas de dauphin sédentaire et les circuits passent à distance des sites de nidification. Tout cela pour dire qu’il n’y a pas de dogmatisme et que lorsqu’une activité peut être pratiquée sans impact pour l’environnement, même si cela nécessite le respect de certaines prescriptions, le conseil donne généralement  un avis favorable.

 

Quels résultats mesurez-vous sur l’environnement dans le parc depuis sa création il y a 10 ans ?

 

Sur le milieu marin, les choses évoluent très lentement. Pour le cantonnement à langoustes, on commence à avoir des résultats. Nous constatons une augmentation du nombre de langoustes et cela à une échelle beaucoup plus large puisque le succès de cette initiative a incité les pêcheurs, dans d’autres secteurs hors du parc, à prendre des mesures de gestion. Notre expérience a d’ailleurs incité le Comité des pêches du Finistère à lancer une étude sur la langouste rouge de Cherbourg à Saint-Jean-de-Luz. De même, le suivi du bar, initialement lancé à l’échelle de l’Iroise, a été étendu.

Nous travaillons également beaucoup sur la qualité de l’eau. Nous menons des analyses pour connaitre précisément l’origine des pollutions, en lien avec les collectivités locales, qui de leur côté prennent des mesures. Et nous avons des résultats concrets, que nous allons bientôt présenter.

 

L’amélioration de la qualité de l’eau issue des ports est également l’un de vos grands axes de travail…

 

Nous avons élaboré une nouvelle charte avec les autorités portuaires, qui s’engagent notamment sur les rejets des eaux de carénage. C’est important car les sédiments portuaires sont très pollués et ce projet concerne tous les ports de l’Iroise. De grands bacs sont également installés sur les quais pour permettre aux pêcheurs d’y débarquer les déchets qu’ils récupèrent en mer.

 

Le parc marin est aussi concerné par la problématique des algues vertes. Comment l’appréhendez-vous ?

 

Sur les algues vertes, c’est un problème que le conseil de gestion a essayé de gérer intelligemment. La prolifération des algues de vertes est essentiellement due à l’eutrophisation des cours d’eau. Pour les nouveaux projets, créations ou extensions d’installations susceptibles d’avoir un impact sur la qualité des eaux, l’un des pouvoirs du Conseil de gestion est l’avis conforme. Le conseil peut donc empêcher une activité ; les professionnels le savent et nous discutons donc des projets. On constate que les dossiers sont bien mieux ficelés qu’avant et il est extrêmement rare que le conseil de gestion rende un avis défavorable. Il y a eu un cas assez notoire en 2011 sur un projet d’extension de porcherie, où il y aurait eu une hausse de la pression azotée sur les bassins versants. 

 

Comment gérez-vous le tourisme maritime ?

 

Nous menons un accompagnement des prestations touristiques. Au départ, les professionnels craignaient que nous soyons plus des gêneurs que des facilitateurs. Mais nous avons finalement mis en place un partenariat très étroit au travers duquel les prestataires acceptent des pratiques peu impactantes, par exemple dans l’approche des mammifères marins, comme les phoques et les dauphins. En contrepartie, nous assurons des formations afin de les informer sur la vie dans le parc, la population sédentaire des grands dauphins vivant autour de Molène, le mode de vie des animaux, les naissances… C’est un savoir qui leur permet de mieux connaître l’environnement et ses enjeux, qu’ils peuvent partager avec leurs clients. Et ils sont labellisés, ce qui est important pour de nombreux touristes étrangers.

 

Quels autres types d’actions mène le parc ?

 

Nous avons de nombreuses actions, par exemple la sensibilisation dans les écoles ou comment, pour les collectivités, effectuer au mieux la collecte des macro-déchets sur les plages. Nous sommes également à l’origine du classement des phares en mer, en partenariat avec les administrations d’État.

 

Sept autres parcs marins ont été créés depuis 10 ans et d’autres sont en passe de l’être. On imagine que ce qui a été mis en place en Iroise est très regardé ?

 

Le parc marin d’Iroise est, en fait, un laboratoire et nous avons régulièrement la visite des acteurs des parcs qui se créent au fil des années. Nous devrions prochainement recevoir une délégation de pêcheurs martiniquais, qui sont très intéressés par les pratiques que nous avons mises en œuvre ici.


Creation d'un champion français des EMR: DCNS ENERGIE

DCNS et Bpifrance, associés à Technip et BNP Paribas, ont officiellement lancé le 6 janvier une nouvelle société dédiée au développement industriel et commercial de trois technologies de production d’électricité à partir d’énergies marines renouvelables (EMR). Il s’agit des hydroliennes, des éoliennes flottantes et de centrales utilisant l’énergie thermique des mers (ETM).

DCNS Energies, c’est son nom, est majoritairement détenue par le groupe naval français (55%), qui travaille depuis près de 10 ans sur ces technologies et y verse l’ensemble de ses actifs dans le domaine, dont sa filiale irlandaise OpenHydro, acquise en 2013. Le fonds d’investissement Société de Projets Industriels (SPI), souscrit par le programme des Investissements d’Avenir porté par l’Etat et géré par Bpifrance, possède pour sa part 36% de la nouvelle structure. Le reste du capital, soit 9%, est partagé entre le géant français de l’ingénierie offshore, Technip, ainsi que BNP Paribas Développement (le premier ayant une participation supérieure au second).

 

« Devenir le leader mondial de ces énergies » 

 

« Notre objectif est de devenir le leader mondial de ces énergies », assure Hervé Guillou, président de DCNS, qui a déjà investi dans les EMR, en particulier l’hydrolien, l’éolien flottant et l’ETM quelques 150 millions d’euros, et même 250 millions en tenant compte de la reprise d’OpenHydro. Après des années de recherche et de développement, de réalisation et de tests de prototypes mais aussi de prospection commerciale et d’implantations internationales dans les zones les plus prometteuses, avec à la clé de premiers contrats, cette activité, pour laquelle travaillent 250 collaborateurs du groupe, va désormais passer à la vitesse supérieure. « Nous avons aujourd’hui une base assez forte pour passer d’une étape de start-up à une phase véritablement industrielle. Pour cela, nous souhaitions nous associer à des partenaires solides afin de mener à bien cette transformation ».

 

100 millions d’euros pour démarrer

 

Une transformation qui va nécessiter d’importantes ressources financières, la société démarrant son activité avec 100 millions d’euros de fonds propres, abondés essentiellement par DCNS et Bpifrance, la banque publique d’investissement tricolore créée fin 2012 et dont le rôle et de soutenir le développement de l’économie nationale, notamment les projets innovants. « Les entreprises françaises consentent des efforts de R&D significatifs et l’on voit émerger des technologies nouvelles qui supposent, pour passer au stade industriel, des investissements particulièrement ambitieux pour lesquels les offres financières sont en réalité très rares. C’est pourquoi le fonds SPI a été créé il y a deux ans pour investir aux côtés des entreprises dans des projets précurseurs pour l’industrie de demain, créateurs d’emplois et rentables », souligne Magali Joessel. Et la directrice du fonds SPI de détailler pourquoi Bpifrance a choisi de rejoindre cette aventure : « DCNS Energies présente plusieurs atouts. D’abord industriels, avec des efforts de R&D pertinents et différenciants dans ces trois types d’énergies marines, qui rassemblées dans un bouquet permettent de répondre aux besoins diversifiés des clients. Et puis ce n’est pas seulement un bel outil technologique, puisqu’il y a dès le départ une démarche commerciale. DCNS Energies présente aussi des atouts économiques. Le marché des EMR est en pleine structuration et il faut maintenant agir et prendre des positions fortes pour être demain un leader mondial. En termes de création d’emplois, le potentiel est important, notamment à Cherbourg, Brest et Nantes. Enfin, la transition énergétique est un axe stratégique de Bpifrance et avec DCNS Energies, nous aurons une contribution évidente à la diversification du mix énergétique ».

 

Structurer toute une filière

 

Selon Magali Joessel, la création d’un champion français des EMR est une initiative « emblématique d’un renouveau industriel, au travers d’un projet rentable, respectueux de l’environnement et qui emmène avec lui la structuration d’une filière d’excellence ». Car c’est aussi cela qui est en jeu. A l’instar de l’éolien terrestre ou l’éolien offshore posé, qui a débuté plus tôt, il s’agit maintenant de structurer une filière complète autour des hydroliennes, des éoliennes flottantes et de l’énergie thermo-marine. En clair, réunir et organiser tout un écosystème d’entreprises spécialisées, dont de nombreuses PME mais aussi des laboratoires, pour faire valoir et utiliser au mieux les nombreuses compétences de pointe disponibles ou en cours de développement sur le territoire. « Nous voulons faire émerger un maître d’œuvre solide capable d’entrainer avec lui l’ensemble de la chaine industrielle de ces énergies marines, en France, en Europe et puis bien au-delà, pour permettre à la France de rester en tête de ces spécialités sur lesquelles nous avons aujourd’hui une différenciation technologique forte », souligne Hervé Guillou.

Pour cela, DCNS Energies s’appuie sur un portefeuille de réalisations et de projets déjà conséquent. Ainsi, la société travaille déjà dans différents pays, comme le Royaume-Uni, l’Irlande, la France, le Canada, la Malaisie, le Chili ou encore le Japon, l’Inde et Singapour.

Hydroliennes : installer 3 GW d’ici 2030

 

Dans le domaine de l’hydrolien, le plus avancé actuellement et qui présente l’avantage d’une production prédictive et continue du fait de la connaissance des courants marins, OpenHydro a déjà 1 GW de projets en développement. Il y a là la ferme pilote de Paimpol-Bréhat, avec deux machines de 2 MW et 16 mètres de diamètre installées pour le compte d’EDF EN, mais aussi celle de la baie de Fundy, au Canada, où la première des deux turbines du même type est récemment entrée en production. A l’été dernier, la filiale de DCNS a également été retenue par le Japon pour fournir une hydrolienne qui sera installée en 2018 dans le détroit de Naru, près de Nagasaki.

 

 

L’étape suivante se déroulera au large des côtes du Cotentin où, suite à l’appel à manifestation d’intérêt lancé en 2013, deux lauréats ont été retenus. L’un des parcs pilotes sera réalisé par EDF EN et DCNS, avec 7 machines de 2 MW permettant d’alimenter 15.000 foyers. Elles seront installées dans le Raz Blanchard, où les courants sont propices à cette énergie, et doivent être connectées au réseau à partir de 2018. Ce parc constituera la marche ultime avant les fermes commerciales, dont les premières sont déjà programmées. DCNS travaille ainsi au développement du champ d’Aurigny, qui doit compter une centaine de turbines de 2 MW. Le calendrier industriel de ce projet dépend de la réalisation du câble qui reliera la France à l’Angleterre, sur lequel seront branchées les hydroliennes. La connexion est prévue à l’horizon 2021, sachant que le gouvernement français a aussi lancé un appel d’offres pour la réalisation de parcs commerciaux d’hydroliennes en Manche.

« Nous tablons sur la mise en place des premières fermes commerciales en 2020/2021, notre ambition étant d’installer 1 GW d’hydroliennes à l’horizon 2025 et 3 GW d’ici 2030 », précise Thierry Kalanquin, président de DCNS Energies, qui voit de nombreuses opportunités pour cette technologie : « C’est à ce jour la plus mature et nous estimons le marché hydrolien accessible à 50 GW. Dans les 10 à 15 ans, 10 GW de devraient être développés dans le monde et nous voulons prendre 20 à 30% de ce marché ».

 

Pour mener à bien ces projets, une toute nouvelle usine sera réalisée à Cherbourg à partir de cette année. Elle visera à fournir le marché national, mais également des projets internationaux : « La nouvelle usine de Cherbourg travaillera pour la ferme pilote du Raz Blanchard et les projets de parcs commerciaux français et britanniques en Manche, mais nous y fabriquerons aussi une partie des hydroliennes canadiennes et japonaises. Il s’agit, dans un premier temps, de ne pas démultiplier les sites de production même si, à terme, nous produirons localement pour les phases commerciales ».

 

Réduire les coûts de production

 

L’industrialisation et la production en série des hydroliennes, ainsi que les optimisations issues des tests en fermes pilotes devront permettre de réduire significativement les prix de production de l’électricité. A titre de comparaison, le premier mégawatt livré par la machine en service dans la baie de Fundy s’est élevé à 500 dollars canadiens, soit un peu plus de 350 euros. Un tarif qu’il va falloir significativement réduire : « Nous visons une véritable compétitivité à moyen/long terme, avec un prix de l’énergie autour de 100 euros selon les ressources énergétiques disponibles sur les sites choisis et la taille des fermes. Aujourd’hui nous sommes encore jeunes et nous produisons des machines à l’unité mais nous connaîtrons la même courbe de décroissance des coûts que ce que l’on a observé dans l’éolien terrestre et aujourd’hui dans l’éolien offshore posé », estime Thierry Kalanquin.

 

La baisse des prix est évidemment un enjeu majeur de cette nouvelle filière. « Nous avons la conviction que les trois technologies que nous avons choisi de développer sont susceptibles de vendre de l’énergie à des coûts acceptables dans le mix énergétique et même, à terme, sans subvention. Il s’agit donc véritablement de porter une économie réelle et de la croissance intrinsèque », précise Hervé Guillou. DCNS Energies entend dans le même temps aller vite sur le plan de son propre équilibre économique puisque selon son président, la société et ses actionnaires veulent en faire une activité profitable dès la fin de cette décennie.

 

 

 

Eolien flottant : Des fermes à Groix et aux USA

 

En dehors des hydroliennes, DCNS Energies est également mobilisé sur le secteur des éoliennes flottantes, qui devrait maintenant connaitre une belle montée en puissance. Après avoir mené d’importantes études, d’abord via Winflo avec Nass&Wind puis avec Alstom (désormais GE) dans le cadre du projet Sea Reed (2014) pour l’intégration d’une turbine Haliade 150 de 6MW sur un flotteur, le groupe va passer à la phase de réalisation. Il a, en effet, été retenu pour participer au développement de deux fermes pilotes. Réalisée dans le cadre du premier appel à projets pour des fermes pilotes d’éoliennes flottantes en France, celle implantée devant l’île de Groix, en Bretagne, comprendra quatre machines de 6 MW, soit une puissance totale de 24 MW. Retenu en juillet par le gouvernement, le projet, porté par Eolfi et CGN, verra Brest servir de base d’assemblage des éoliennes. Avec 12 MW installés, la seconde ferme pilote utilisant des fondations conçues par DCNS verra le jour aux Etats-Unis. Il s’agit du projet Maine Aqua Ventus, dont le consortium auquel appartient le groupe français (composé d’Emera, Cianbro Corporation, l’Université du Maine et UMaine) a été choisi en avril dernier par le département américain de l’Energie.

 

 

 

Profiter des contraintes de l’éolien posé

 

La technologie de l’éolien flottant est présentée par ses promoteurs comme particulièrement prometteuse. En effet, les champs offshore posés, c’est-à-dire des machines supportées par des fondations reposant sur le plateau continental, ne sont plus viables économiquement au-delà de 35 à 40 mètres de fond. Certains fonds marins sont de plus difficiles à maîtriser et des gisements de vents parmi les plus intéressants se trouvent au-delà des limites de profondeur actuelles. Enfin, on constate que de nombreux projets de parcs posés font face à des difficultés d’obtention de permis et de multiples recours, en particulier de riverains, d’associations ou de professionnels de la mer. Autant d’écueils qui retardent leur construction, à l’image du banc de Guérande, en France, actuellement confronté à une procédure de riverains qui dénoncent une « pollution visuelle ». De quoi refroidir les industriels et investisseurs qui redoutent la multiplication des aléas administratifs et juridiques sur des projets à plusieurs milliards d’euros. Or, la solution flottante étant plus éloignée des côtes, elle parait moins sujette aux contestations. « On sent un appel d’air fort en faveur de cette technologie. Plus l’éolien posé aura du mal à avoir ses permis, plus le flottant se développera rapidement. Or, beaucoup de champs posés ont des problèmes de permis, ce qui ouvre un grand avenir à l’éolien flottant », assure Thierry Kalanquin.

 

Des parcs commerciaux d’ici 2023

 

Techniquement parlant, le concept est aujourd’hui prêt et les premières éoliennes flottantes voient le jour. « Cette technologie arrive plus tardivement mais cela va maintenant aller vite car nous sommes sur des technologies plus matures.  Celles des turbines sont récupérées de l’éolien posé, avec 80 à 90% de composants communs. DCNS Energies a de belles cartes à jouer car nous avons une expertise unique à proposer puisque nous maîtrisons la combinaison de l’aéraulique et de l’hydrodynamique. Et nous avons la prétention de maîtriser ces éléments un peu mieux que les autres et de pouvoir installer nos flotteurs un peu partout dans le monde et par à presque toutes les conditions environnementales ».

En termes de calendrier, après la réalisation des fermes pilotes, en 2019/2020, DCNS Energies entend réaliser ses premières fermes commerciales d’éoliennes flottantes trois ans plus tard.